temples de l’Égypte on s’inquiète malgré soi des générations de travailleurs qui ont dû s’user à remuer ces granits immenses, ici on songe à tant de sculpteurs obstinés qui ont dû, pendant leur existence entière, s’épuiser à fouiller ces prodigieuses murailles en dentelle ; et cela repose vraiment, de se dire qu’ils sont depuis longtemps morts, ces gens fatigués ; qu’ils sont depuis longtemps au grand calme dans cette terre — d’où sortent peu à peu maintenant ces patientes petites mousses attaquant par la base leur œuvre laborieuse, ces fines petites fougères mêlant leurs découpures à celles si pénibles du bois durci et du métal…
Ce peuple qui bâtit avec du bronze, de l’ivoire et de la laque d’or, quelle impression de barbarie doit-il recevoir de nos monuments, à nous, en simple pierre ; plus grands que les leurs, il est vrai, mais d’un aspect si rude et d’une teinte si grise, composée au hasard par la poussière et les fumées. Même les sculptures de nos églises gothiques doivent leur sembler des œuvres d’une inexpérience enfantine, exécutées sur des matériaux vils.
Et comme nous avons peine à nous figurer, devant ces choses si étonnamment conservées, que, depuis trois siècles, des pèlerins innombrables aient pu venir ici tous les ans, quelquefois par milliers ensemble : foules bien différentes des