blées en charpente. Malgré ces solides jambes de force sur lesquelles il s’appuie, il conserve un air de légèreté extrême.
En franchissant le pont de tout le monde, quand j’arrive en son milieu, je m’arrête pour admirer la courbe de ce pont de luxe qui se dessine, surprenante d’élégance, sur les lointains sauvages du pays d’alentour : le torrent gronde en dessous dans un creux sinistre, en répandant une vapeur blanche, et, derrière, c’est un fond bleuâtre de forêts et de montagnes où ne s’aperçoit aucune trace humaine. Alors, me rappelant certaines vieilles images conservées dans des pagodes, je cherche à reconstituer, au milieu de ce décor immuable, les cortèges d’autrefois défilant sur cet arc de laque rouge ; les masques de guerre, les princes effrayants dans leur bizarrerie magnifique ; les empereurs qu’il ne fallait pas voir autour desquels des « guerriers-à-deux-sabres » faisaient voler les têtes des curieux qui regardaient ; toute cette pompe inouïe du vieux Japon, qui est à jamais disparue et qui excède nos conceptions d’aujourd’hui.
Arrivés à l’autre rive, nous posons enfin le pied sur le versant même de la Sainte Montagne, nous entrons dans la forêt consacrée. Ici les cèdres, pareils à ceux de la route d’hier, ayant ce même aspect de colonnes de temple, ce même élance-