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Je reste saisi devant cette révélation subite d’une chose invraisemblablement jolie, et j’écoute une musique de cigales, bien inattendue, qui m’arrive de tous ces bois : comme si les bêtes mêmes, au Japon, refusaient de prendre l’hiver au sérieux, elles chantent, malgré le froid, et sont plus bruyantes à présent que les cascades, dont le fracas adouci semble s’être éloigné beaucoup.

Dans les maisons nippones, la toilette du matin est toujours très sommaire. Cela se fait dans la cour, tout le monde ensemble, à l’eau chaude dans des cuves de cuivre. (C’est le soir ensuite, avant souper, qu’ont lieu les ablutions complètes, les grandes baignades quotidiennes.)

Le premier déjeuner est rapide aussi : pruneau vert, au vinaigre, saupoudré de sucre ; tasse de thé. Et je suis prêt maintenant, pour commencer mon pèlerinage aux grands temples.

J’ai hâte de sortir. Une des mignonnes servantes m’accompagnera jusqu’au bureau de l’état civil où l’on examinera mes papiers avec soin avant de m’admettre dans la Montagne Sainte.

Nous voici donc tous deux dans la rue, la mousmé et moi, au frais matin lumineux, les boutiques ouvrant partout leurs panneaux à glissières.

Un tout petit village ; une rue large mais unique, continuant toujours cette même route