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grosses joues pâlottes. Mais elles ont tant de grâce précieuse, de si jolies mains d’enfant et de si adorables chignons montés !…

Enfin, voici mon souper qu’elles m’apportent à deux, avec mille façons mignardes. Sur des plateaux à pied, en laque rouge, c’est une série de petites tasses couvertes, de petites assiettes couvertes, et des rechanges de baguettes pour manger les choses contenues dans cette fine vaisselle de porcelaine.

Qu’est-ce qu’il peut bien y avoir dans les mignonnes tasses et les mignonnes assiettes ?… Ah ! voilà : pour me faire une gentille petite farce, on ne me le dira pas, il faudra que je devine, et, avec leurs petits doigts qui se manièrent, elles soulèvent à demi les couvercles, bien vite les referment comme si elles craignaient d’en laisser échapper des oiseaux, et se trémoussent et minaudent : non, non, non, bien sûr, elles ne me le diront pas…

Est-ce assez délicieux au moins, ces rires, ces devinettes ! Mais je suis fort en peine, moi, et je donne ma langue aux chats, car il y a certainement, sous les jolis couvercles, d’indéfinissables choses, ayant des goûts impossibles à prévoir.

C’est d’abord un mimono (autant dire une espèce de soupe, mais je conserve le mot japonais qui me semble en lui-même d’une préciosité intraduisible). Donc, un mimono très liquide, dans