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rencontrons des arbres qui en sont chargés à profusion.

Beaucoup de choses, dans ces campagnes japonaises, rappellent notre automne de France ; çà et là des pampres rougis qui retombent, des branches qui se dépouillent, et, dans l’herbe trop haute qui va mourir, des fleurs violettes. — Ici comme chez nous, elles sont presque toutes violettes, les fleurs d’arrière-saison : des bleuets violets, des scabieuses, des campanules refleurissant au bout des tiges, — et d’autres de même nuance, mais d’espèce inconnue.



Tandis que nous regardons en bas les plantes et les mousses, une déchirure se fait au voile crépusculaire gris qui couvre le ciel, et, dans cette trouée, tout à coup, très haut au-dessus de ces petites montagnes, de cette petite nature mignardement triste qui nous entoure, nous avons l’apparition quasi fantastique du Fusiyama, le géant des monts japonais, le grand cône régulier, solitaire, unique, dont on a vu l’image invraisemblable reproduite sur tous les écrans et sur tous les plateaux de laque ; il est là, dessiné en traits d’une netteté profonde, surprenante, — avec sa pointe blanche trempée dans la neige, dans le