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pailleté, le long voile à la vierge ; Arabes convertis, aux yeux de foi naïve, inclinant leur turban jusqu’à terre…

Nous nous échappons par une quatrième église, splendide celle-là, et vénérable entre toutes, mais vide, à l’abandon, servant de vestibule aux premières : basilique commencée par sainte Hélène, achevée vers l’an 330 par l’empereur Constantin, et où, huit siècles plus tard, le jour de Noël 1101, Baudoin Ier fut sacré roi de Jérusalem. Elle est un des sanctuaires chrétiens les plus anciens du monde ; elle a deux siècles de plus que la basilique du Sinaï ; épargnée par Saladin et par tous les conquérants arabes, miraculeusement préservée des destructions d’autrefois, elle n’a subi de réels dommages qu’au commencement de notre siècle, de la part des Grecs contemporains qui en ont muré le chœur pour y faire leur mesquine petite église d’aujourd’hui. Elle est d’une grandeur simple et élégante ; elle garde quelque chose de la Grèce antique, avec sa quadruple rangée de sveltes colonnes corinthiennes ; et, au-dessus des chapiteaux d’acanthe, sur les murailles des nefs, sont en partie restés les revêtements de mosaïques d’or qu’y fit placer, à la fin du xiie siècle, « le seigneur Amaury, grand roi de Jérusalem ». L’encens des sanctuaires voisins