Page:Loti - Fleurs d’ennui, 1893.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et ces trois dames s’appelaient Kadidja, Fatmah et Fizah. — Kadidja était la mère ; Fatmah et Fizah étaient les deux filles.

II Et ces trois dames s’ennuyaient beaucoup, parce que, tant que durait le jour, elles n’avaient rien à faire. — Quand elles avaient fini de peindre leur visage de blanc et de rose, et leurs grands yeux de noir et de henné, elles restaient assises par terre, dans une petite cour très profonde, où régnaient un silence mystérieux et une fraîcheur souterraine.

Autour de cette cour, une colonnade de marbre blanc soutenait des ogives mauresques ornées de faïences bleues, et, tout en haut, cette construction antique s’ouvrait en carré sur le ciel.

Pour entrer dans la maison de ces trois dames, il n’y avait qu’une seule petite porte, si renfoncée et si basse, qu’on eût dit une porte de sépulcre. Elle ne s’ouvrait jamais qu’à demi, en grinçant sur ses vieilles ferrures, et avec un air sournois de chausse-trape.

Les fenêtres, — sortes de trous irréguliers, grands à peu près comme des chattières, — étaient garnies de lourdes grilles scellées dans la muraille ; c’étaient des judas qui semblaient percés pour des regards furtifs de personnes invisibles et qui ne recevaient aucune lumière du dehors ; — car les maisons centenaire