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Avec je ne sais quelle crainte de m’en approcher, avec un étrange trouble d’âme, je vais lentement m’asseoir en face, en plein air, devant un petit café, sous des treilles que l’automne a jaunies, et je la regarde. (Comme ce nom de café sonne mal pour dire ces échoppes orientales où l’on fume le narguilé.) Je la regarde, ma maisonnette d’autrefois, un peu comme je regarderais une chose de rêve qui oserait se montrer en plein jour. Elle me semble rapetissée et d’aspect misérable ; cependant, c’est bien cela, et rien que ces marbrures de vieillesse, sur la muraille, ramènent dans ma tête mille souvenirs.

Cette place n’a pas changé non plus ; pas une pierre n’a été dérangée depuis