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plus épaisse, sous une voûte obscure de platanes, je m’arrête devant la petite porte de l’impénétrable mosquée sainte. Il y a toujours là les mêmes vieilles mendiantes, au visage voilé, assises, accroupies, immobiles sur des pierres. L’une d’elles, réveillée de son rêve par le bruit de mon pas, s’inquiète de me voir accourir, se demande si j’aurai par hasard l’impudence de franchir ce seuil : « Yasak ! Yasak ! » (Défendu ! Défendu !), dit-elle, d’une voix irritée, en étendant une main de morte comme pour me barrer le passage. Et je lui réponds tranquillement, dans cette langue turque que je reparle déjà avec la facilité d’autrefois : « Je le sais, ma bonne mère, que c’est défendu ; je veux seulement jeter un coup d’œil à