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toutes les choses, revues ainsi, je ne sais quel air d’inexistence. Je cours, je cours, dans cette allée, entre les deux alignements de kiosques funéraires et de tombes, au milieu de toutes les silencieuses blancheurs des marbres. De droite et de gauche, bordant la voie étroite, sont de vieilles murailles blanches, percées d’une série d’ogives, par où la vue plonge dans les dessous ombreux d’une sorte de bocage rempli de sépultures. Rien de changé, naturellement, dans tout cela qui est sacré et immuable ; ce lieu unique, si étrangement mêlé à mes souvenirs d’amour, était le même bien des années avant notre existence et sera ainsi longtemps encore après que nous aurons tous deux passé.

Au bout de l’avenue, dans une ombre