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voisinage ; je ne reviendrai peut-être jamais ici, — aurai-je le courage de quitter Eyoub sans aller les revoir. Du reste, en courant, ce sera une perte de cinq ou dix minutes à peine, — et je dis à mon batelier : « Va, aborde un peu plus loin, au quai de marbre là-bas, à l’entrée du saint cimetière. »

Laissant le vieux Grec dans le caïque avec le rameur, je redescends à terre, seul, saisi tout à coup par le silence glacé de ce lieu, par sa sonorité funèbre, que j’avais oubliée, et qui change le bruit de mon pas. Dans l’allée d’éternelle paix, sur les dalles de marbre verdies à l’ombre, où l’on voudrait marcher lentement, la tête basse, il faut passer aujourd’hui avec cette précipitation enfiévrée qui donne à