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Un ravin plus profond se présente à nous, où il faut descendre ; il est d’apparence aussi âpre et sauvage que si nous étions à cent lieues d’une ville. Tout au bas, sous des platanes, est une fontaine antique, où jadis je rencontrais presque chaque matin la même jeune femme turque, qui semblait très belle sous ses voiles. C’était avant le soleil levé que je passais là, à l’aube d’hiver, et aux mêmes heures elle venait seule remplir à cette fontaine sa cruche de cuivre. Nous croisant dans le chemin creux, embrumé de vapeur matinale, nous échangions un regard de connaissance ; après quoi, ses yeux, qui étaient seuls visibles dans son visage voilé, se détournaient avec un demi-sourire. Je n’avais plus pensé à elle