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parvenir, et aujourd’hui, à chaque pierre, à chaque tombe que je reconnais sur ma route, me reviennent les impressions indicibles d’autrefois, avec ce tourment intérieur, qui aura été un des plus continuels de ma vie, de me trouver impuissant à peindre et à fixer avec des mots ce que je vois et ce que je sens, ce que je souffre…

Partout, sur la terre, sur les roches et sur l’herbe rase, une teinte uniforme d’un gris roux, qui est comme la patine du temps ; on dirait qu’une cendre recouvre ce pays, sur lequel trop de races d’hommes ont passé, trop de civilisations, trop d’épuisantes splendeurs. Et, de loin en loin, au milieu de ces espèces de landes de l’abandon, quelque minaret blanc entouré de cyprès noirs.