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portant tous les pavillons d’Europe. Et aussitôt commence l’invasion furieuse des bateliers, des douaniers et des portefaix ; cent caïques nous prennent à l’assaut, et tous ces gens, qui montent à bord comme une marée, parlent et crient dans toutes les langues du Levant. Oh ! je connais si bien cela, ce brouhaha des arrivées, ces voix, ces intonations, ces visages ; et cet amas de navires autour de nous, et ces fumées noires — au-dessus desquelles montent, là-bas dans le ciel clair, les dômes des saintes mosquées ! Je me mêle moi-même à tout ce bruit ; d’ailleurs, les mots turcs, même les plus oubliés, me reviennent tous ensemble. Avec des bateliers pour mon passage, avec des portefaix pour mes