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goisse où j’ai quitté Stamboul, et je me retrouve complètement en Turquie avant même d’y avoir remis les pieds, comme si une certaine âme mienne, qui n’en serait jamais partie, venait de reprendre possession de mon corps irresponsable et errant…


Nous commençons à descendre le Bosphore, et la grande féerie des deux rives, lentement, se déroule. Je reconnais tout, les palais, les moindres villages, les moindres bouquets d’arbres ; mais je me sens si calme à présent que cela m’étonne, et que je ne me comprends plus ; on dirait que j’ai quitté depuis hier à peine le pays turc. Un peu anxieux seulement quand nous passons devant ces cimetières