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comme conséquence pour moi, l’oubli momentané, dans le brouhaha des voix, dans la banalité des choses qui se disent.

Mais après, quand je me promène seul, à travers la nuit grise, sur le pont de ce paquebot qui file vers le sud, qui file très vite, sans secousse, sans bruit, comme en glissant, — je me rappelle que je suis tout près du but et que j’y arriverai demain. Sur ce navire, je m’étonne, par habitude de métier, de n’avoir pas de quart à faire, d’être au milieu de matelots qui ne m’obéiraient point et à qui je suis inconnu ; rien ne me regarde, ni la manœuvre ni la route, — et cela me semble un peu invraisemblable ; cela suffit, dans cette nuit vague, à jeter je ne sais quelle incertitude de rêve sur la