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étrange, d’une rare tristesse orientale, quelque chose comme une marche guerrière, lente et obstinée, vers un but qui serait la mort… Et, en écoutant, je me sens près de pleurer… De plus en plus, cette approche de Stamboul donne pour moi une importance exagérée aux choses quelconques de la route, change leur aspect, me les fait voir comme à travers du crêpe.

À mesure que nous avançons vers la mer Noire, l’air se fait moins froid. Les stations — de pauvres villages, de loin en loin, perdus au milieu de régions désolées — commencent à avoir des noms tartares que je puis comprendre, traduire, et qui alors me charment comme si je rentrais dans une patrie : Le petit marché,