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m’emportent si vite ; en tout cas, je ne me figure plus très nettement que je suis en route pour Stamboul et que j’y arriverai demain.

À cinq heures du matin, en chemin de fer, dans les lourds wagons à couchettes de l’Express-Orient.

Puis, vers huit heures, ce train s’arrête au bord du Danube, qu’il faut franchir en bateau. Très froid toujours, avec une brume légère aux horizons d’une plaine plate, infinie. Mais ici, il y a déjà des costumes d’Orient, nos bateliers sont coiffés du fez et, sur le fleuve, des barques, immobiles le long des berges, portent le pavillon turc, rouge à croissant blanc. Alors le sentiment me revient, plus poignant tout à coup, du but vers lequel je