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m’était préparée au palais royal, inhabité en ce moment.

Rien de désolé et de tristement solennel comme un palais vide. Sitôt que je suis seul dans mon appartement, une sorte de silence spécial m’enveloppe. De très loin, ce bruit de voitures, qui est encore plus incessant à Bucarest qu’à Paris, me vient comme un roulement assourdi d’orage ; je suis séparé de la rue vivante par de grandes places sans passants, où veillent des factionnaires, et, dans le palais même, rien ne bouge.

Au château de la reine, je m’étais laissé malgré moi distraire et charmer par mille choses. Mais ici, c’est ma dernière étape avant Stamboul, qui n’est plus qu’à vingt-quatre heures de moi, et, jusqu’au matin,