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cet enfantillage attristé qui consiste à échanger entre soi, si l’on s’aime, de pauvres petites choses datant des premières années de l’existence et à s’en faire comme des amulettes contre le mutuel oubli : j’ai connu cela bien des fois, chez des êtres de races très différentes. Et cette uniformité des sentiments humains est, hélas ! pour me faire douter davantage de l’individualité propre des âmes : quand on y songe, on est tenté, tellement elles semblent pareilles, de ne les regarder que comme des émanations éphémères de ce même tout impersonnel qui est l’espèce indéfiniment renouvelée.

Donc, c’est ainsi chez nous tous : quand l’amour grandit et s’élève jusqu’à des aspirations vers d’éternelles durées, ou