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irréel aussi ; mais elles sont bien les mêmes toujours, et j’ai vu toute ma vie ces vieux toits, ces pans de murs, ces trouées profondes des jardins, ces masses ombreuses des verdures, et on dirait que tout cela me chante en ce moment quelque petit hymne mélancolique de terre natale, me conseillant de ne pas partir. Tant d’autres, plus simples que moi, n’ont jamais quitté ce pays, ni seulement ce voisinage, — peut-être, si j’avais fait comme eux…

Une senteur monte des jardins, senteur d’humidité, de mousse, de feuilles mortes, qui est particulière aux premiers soirs refroidis où des brumes légères se lèvent. Déjà l’automne ! Encore un été qui s’en va, qui aura passé quand je revien-