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trop ; ce silence aussi est pesant, ajoute encore à la lourdeur parfumée de l’air, — et j’ouvre en grand les fenêtres…

Le silence reste le même, augmenté plutôt, prolongé par tout le silence d’alentour. Entrent un phalène et les longs rayons de la lune. Entre aussi une fraîcheur, une fraîcheur exquise, venue des jardins, venue de la campagne et des grands marais, de par delà les ormeaux des remparts. Je me sens réveillé par cet air frais, comme d’un songe très sombre, et je me penche à cette fenêtre pour respirer de la vie. Les choses familières du voisinage m’apparaissent alors, aux places de tout temps connues ; l’éclairage lunaire leur donne, cette nuit, je ne sais quoi d’immuablement tranquille, d’un peu