Page:Loti - Fantôme d’Orient, 1892.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

foncé des tentures murales, les broderies étranges semblent la figuration symbolique de mystères d’Orient, qui me seraient profondément incompréhensibles. Quels êtres inconnus, de quelle génération ayant précédé la nôtre, ont fixé dans ces dessins leurs rêves, leurs immuables rêves ? Ceux pour qui on a trempé ces armes et tissé ces ors, quelles chimères avaient-ils, quelles amours, quelles espérances ? Je les sens loin de moi comme jamais, ces croyants-là, qui à présent dorment en terre sainte, au pied des mosquées blanches. Tout ce décor de vieil Orient est ce soir pour me faire mieux sentir combien sont dissemblables jusqu’à l’âme les différentes races humaines, et tout ce qu’il y a d’insensé, d’impossible et de funeste à aller