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toute sa beauté de femme, me réapparaîtrait-elle, la petite fille d’autrefois, svelte, aux yeux vert de mer ? ou bien flétrie, qui sait, finie à jamais en tant que créature de chair et d’amour ? Peu importe du reste, même vieillie et mourante… je l’aime encore. Mais de toute façon l’instant de cet étrange revoir serait pour nous deux un peu terrible, et n’aurait pas de lendemain arrangeable, n’aurait aucune suite pouvant être envisagée sans effroi. Aziyadé et Loti, ceux d’autrefois du moins, sont bien morts ; ce qui peut rester d’eux-mêmes s’est transformé, leur ressemble à peine sans doute, de visage et d’âme ; comme l’affirme ce petit livre enfantin que je viens de refermer, tous deux sont morts.