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mélancolie plutôt tranquille. Mais voici qu’un plus grand trouble me vient, à cette réflexion subite : pourtant il se peut qu’elle vive ! Depuis bien longtemps cette pensée-là ne s’était plus présentée à moi d’une manière aussi poignante. En effet, puisque je ne sais pas, puisque je ne suis sûr de rien, il n’est donc pas impossible que bientôt, dans si peu de jours que j’en frémis comme si ce devait être demain, je me retrouve en sa présence. Oh ! rencontrer de nouveau son regard, que je m’étais habitué à croire mort, son regard de douleur ou de sourire ; revoir, comme elle disait, ses « yeux face à face ! » oh ! l’angoisse, ou l’ivresse de ce moment-là !…

Et comment serait-elle alors, comment serait son visage de vingt-huit ans ? Dans