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prit et de vie, je vais revoir en plein jour, en plein soleil, cette ville qui pour moi s’est peu à peu amalgamée à du sombre rêve au point de me paraître elle-même presque chimérique. À peine puis-je croire que rien ne m’entravera en chemin ; que j’arriverai au but ; que je marcherai dans ces rues sans être ralenti par des inerties de sommeil, que j’interrogerai des êtres vivants, et que peut-être je retrouverai la chère trace perdue.

Bien réellement je pars demain, et je pars d’une façon aussi banale et positive que pour un voyage quelconque ; mes malles sont en bas, prêtes à être enlevées dès le matin par la voiture qui m’emportera au chemin de fer. Empressé, comme toute ma vie, je traverserai l’Eu-