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débarquais au crépuscule, apercevant, là-bas, les minarets et les dômes ; à travers des landes funèbres, semées de tombes, je prenais ma course, alourdie par le sommeil ; ou bien c’était dans des marécages, et les joncs, les iris, toutes les plantes de l’eau retardaient ma course, se nouaient autour de moi, m’enlaçaient d’entraves. Et l’heure passait, et je n’avançais pas.

D’autres fois, mon navire de rêve m’amenait jusqu’aux pieds de la ville sainte ; c’était dans les rues, alors, que j’endurais le supplice de ne pas arriver ; dans le dédale sombre et vide, je courais d’abord vers ce quartier haut de Méhmed-Fatih qu’habitait son vieux maître ; puis, en route, me rappelant tout à coup que je ne pouvais aller directement chez elle,