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turbans blancs sont assis, à cette dernière lueur du soir d’automne, fumant des narguilés tout en devisant de choses saintes.

Alors je m’arrête au milieu d’eux, à cette même place où, il y a dix ans, nous avions vu, un soir, paraître sur les marches de la mosquée un illuminé qui levait les yeux et les bras au ciel, en criant : « Je vois Dieu, je vois l’Éternel ! » — Achmet avait secoué la tête, incrédule, répondant : « Quel est l’homme, Loti, qui pourra jamais voir Allah !… »

En vérité je ne sais pas pourquoi cette halte sur cette place a marqué si profondément, parmi tant d’autres souvenirs de mon pèlerinage ; ni pourquoi j’éprouve le besoin de la fixer ici, pour l’empêcher