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s’engage, région toute grise, couleur de terre, sans une herbe verte ; et enfin, sur une hauteur solitaire, paraît un carré de murs, gris aussi, au-dessus desquels ne s’élève ni un cyprès, ni un feuillage quelconque : c’est le cimetière de Chichli.

Nous entrons. On dirait un cimetière de pauvres, un cimetière de suppliciés. Pas une fleur, pas une plante. Quelques rares petites croix de bois ou de pierre, quelques plaques de marbre bien humbles ; presque partout, de simples bosses de terre, indiquant le gisement des cadavres.

La vieille Arménienne s’oriente, choisit un sentier, se met à compter les monticules sinistres — un, deux, trois, quatre, — et s’arrête à une place qui semble avoir été récemment bêchée : « Le voilà,