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ne pas me tromper de chemin, quand je serai seul. D’abord, le long de cette formidable muraille sombre, qui a l’air de fermer le monde derrière nous, je compte combien de bastions carrés, depuis la porte par où nous venons de sortir jusqu’au lieu où nous sommes ; puis, je trace à la hâte sur un calepin des alignements, des silhouettes de cyprès, afin d’avoir tous mes points de repère assurés ; je grave pour jamais tout ce lieu funèbre dans ma mémoire, afin de n’en plus oublier la route, quand ce serait dans dix ans, dans vingt ans, qu’il me serait donné d’y revenir. Je cherche même quelles petites plantes je pourrai cueillir demain et emporter avec moi : presque rien, hélas ! tant ce sol est aride ;