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bien des années, j’avais prévu, deviné cette promenade funèbre, tout ce qui est réel aujourd’hui ; mais jamais je n’avais imaginé que cela se passerait dans cette région de suprême abandon où nous sommes ; non, je ne m’attendais pas à ce qu’il me faudrait venir la chercher parmi ces confuses peuplades de morts ; vraiment je souffrirais moins de la savoir ailleurs qu’ici, perdue au milieu de tant d’autres, de tant d’autres qui n’ont même plus de nom, même plus de pierre…

Kadidja a fait obliquer ses porteurs sur la gauche, et nous longeons maintenant l’écrasante et interminable muraille crénelée, dans la direction des Sept-Tours, marchant sur un sol dénudé qui a un air maudit.