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d’ivresses passées me reviennent malgré moi et me troublent davantage…

Puis, j’arrive au Petit-Champ-des-Morts, entouré de murs : un bois de cyprès qui sent bon et où dorment des sépultures musulmanes si anciennes qu’elles n’inspirent plus d’horreur. Jadis il m’arrivait souvent d’y pénétrer, au milieu des nuits, et de m’y asseoir, sur la mousse sèche semée des petits piquants parfumés qui tombaient des arbres : c’était un asile sûr, où les rendez-vous n’avaient pas de témoins. L’entrée était là-bas, par ce portail à grilles de fer que je commence à apercevoir. Toujours fermé, ce portail ; mais, quand on était comme moi coutumier du lieu, en passant la main à certain point où la pierre du mur était rongée, on at-