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noirs, tout cela avait fait de ces trois mois d’attente quelque chose d’étrangement voluptueux, avec des dessous d’une tristesse de gouffre. Oh ! ces nuits d’alors, passées à errer par les rues, comme je fais ce soir, mais toujours à la poursuite de quelque aventure nouvelle, ces nuits, comme j’en retrouve les souvenirs à chaque pas, à chaque chose reconnue dans l’obscurité ! Et ces senteurs, aussi, qui n’ont pas changé ! Et tous ces bruits qui si vite me redeviennent familiers : aboiements lointains des chiens errants, signaux des veilleurs qui frappent les pavés sonores du bout de leurs bâtons ferrés, et clameur confuse venue d’en bas, des lieux de débauche de Galata.