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nuit de juin, et l’air est chargé de toutes les senteurs de Constantinople, où domine, en ces quartiers, le parfum balsamique des bois de cyprès.

Pendant trois mois d’été, avant d’aller demeurer à Hadjikeuï et à Eyoub, j’avais habité ici, sur la hauteur de Péra, regardant de ma fenêtre le merveilleux panorama lointain de Stamboul : c’était le temps où j’attendais l’arrivée d’Aziyadé, sans tout à fait croire qu’elle viendrait, et, en l’attendant, je m’étourdissais avec d’autres. C’était aussi l’époque transitoire de ma vie, où, tout à coup, n’ayant plus de foi ni d’espérance, je me jetais à cœur perdu dans l’amour. Et l’enchantement nouveau de cet Orient, et cette splendeur de l’été, et l’appel de tant d’yeux