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nos âmes soient près de se rejoindre…

J’ai tourné la tête du côté de la rue et de l’ombre, parce que mes yeux, subitement, se voilent et ne distinguent plus rien. Et deux larmes affreusement amères, larmes d’abandonné, comme ont dû être les siennes, descendent le long de mes joues.

Le petit garçon qui m’apporte mon café et mon narguilé s’aperçoit que j’ai pleuré, me regarde avec étonnement, puis se dit sans doute que les affaires de cet étranger lui sont indifférentes, et se retire sans parler. Le vieux musicien de mort est seul, à peine éclairé, jouant comme en rêve. Je reste, prolongeant le plus possible ce moment de souffrance, parce que jamais, depuis dix ans, je ne me suis