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le frisson de réveil et d’angoisse… Ainsi, je suis encore là, moi, assis tranquille à cette place coutumière ; autour de moi, dans Stamboul, les choses sont demeurées les mêmes, et notre petit logis adoré d’Eyoub n’existe plus, et sa maison à elle est tombée en cendres, et Achmet est mort, et depuis sept ans elle est couchée dans la terre, et tout est fauché, balayé, fini pour l’éternité… Cette phrase de la sœur d’Achmet me revient tout à coup plus terrible, comme si ce violon me la chantait derrière moi, sur les notes inconnues des inouïes tristesses : « C’était à la fin du printemps… On l’a emportée le soir… »

On l’a emportée le soir… Je vois maintenant ce crépuscule de mai ou de juin,