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mords lourd, sont sur moi comme un oppressant manteau de deuil ; en ce moment rien ne m’en distrait plus. Et puis, il y a cette désolante question qui se pose, avec une netteté glaciale : à quoi bon ce que je vais faire demain ? quel leurre d’enfant que cette visite à sa tombe ; est-ce que quelque chose d’elle saura seulement que je suis revenu, aura un peu conscience du baiser que je donnerai à la terre, au-dessus du débris qui fut son corps ? Oh ! l’amer et irrémédiable chagrin, de ne plus pouvoir jamais, jamais échanger avec elle une seule pensée ! Pauvre petite Aziyadé, tant de choses que je n’ai jamais su lui dire, et qui me brûlent maintenant, et que je lui dirais là, si on pouvait me la rendre seulement pour