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s’est éteint en moi, quelque chose de moi-même est couché dans la terre turque, avec Aziyadé.

Le grand décor continue de changer, les mystérieux dômes deviennent indécis et presque diaphanes dans la nuit, les feux sont innombrables, et, en haut, brillent les étoiles. Le temps, de plus en plus doux, sans un souffle de brise, est comme un soir d’été. Je regarde, éveillé tout à fait de ma torpeur de mort, je regarde avidement, avec des yeux dilatés pour tout saisir. Et je me sens plein de contradictions qui m’effraient : par instants, fidèle tout à fait à la chère petite mémoire, triste jusqu’au fond de l’âme et comme pour toujours, éprouvant ce sentiment (que déjà je sais fugitif,