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d’aviron, comme des gens qui ont hâte d’arriver quelque part. Pourquoi si vite ? Je ne sais pas. Rien ne nous presse à présent, puisque tout est fini. Et où donc allons-nous ? Je ne sais même plus. J’ai peur que cette vieille femme, assise à mon côté, ne me parle, ne rompe ce silence dont j’ai besoin ; j’ai peur qu’elle ne m’interroge sur Aziyadé, sur tout ce qui vient de lui être révélé d’inattendu pour elle et d’étonnant ; je détourne la tête pour ne pas rencontrer ses yeux, et je regarde, sans voir, le merveilleux décor crépusculaire : Stamboul qui se reflète renversé dans l’eau calme, les milliers de caïques qui s’entrecroisent, promenant sans bruit la féerie atténuée des costumes et des couleurs. Tout cela, qui avait dis-