Page:Loti - Fantôme d’Orient, 1892.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je ne sais combien de secondes, ou combien de minutes, je reste là sans parler, assis entre ces deux femmes, dont l’une pleure.


La sœur d’Achmet, pour suivre la loi hospitalière, m’a remis une petite tasse de café, et je bois lentement, toujours avec cette apparente tranquillité. En dedans de moi-même, dans les régions profondes de la pensée et du souvenir, il y a un trouble et une sorte d’indécise fantasmagorie, comme en songe : j’ai l’impression d’assister à des éboulements dans des abîmes ; des choses, qui tenaient debout, tombent l’une après l’autre, s’effondrent, s’anéantissent ; de grands bruits imaginaires accompagnent ces chutes,