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celle-là. Il est vrai, une sorte d’invisibilité entourait cette créature très bizarre. Je ne l’avais aperçue qu’une fois, à peine et dans l’obscurité. Eux-mêmes, Ériknaz et lui, ne la voyaient presque jamais, et baissaient la voix pour parler d’elle ; c’était une sœur très aînée, déjà une vieille femme pour laquelle ils avaient une vénération et une crainte, l’appelant tout bas « notre mère ». Mais elle savait l’existence d’Aziyadé, et sa demeure, et connaissait bien aussi Kadidja, la négresse. Vraiment, je ne comprends plus comment je n’y ai pas songé plus tôt…

Et j’interroge, en tremblant :

— Te rappelles-tu qu’il avait une vieille sœur… qui demeurait toute seule, par là-bas, vers les Eaux-Douces ?