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coutumier, le croisement incessant des minces caïques silencieux. Et que cette après-midi est belle, tiède et lumineuse ! Elle me donne des illusions d’été, à moi qui arrive des forêts de sapins des Karpathes, où déjà des neiges tombaient… Et je me laisse reprendre aux tromperies du soleil. Je me laisse peu à peu bercer et leurrer par tout ce mouvement, si familier jadis : comme tout à l’heure à Eyoub, peu à peu, je me figure être encore au temps lointain où j’avais des logis mystérieux, ici, sur ces deux rives… L’entour est, d’ailleurs, resté tellement pareil ! Les grands dômes des mosquées se dressent aux mêmes places ; la silhouette immense de Stamboul préside à toute cette agitation joyeuse des barques,