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vaillée et chargée, même pas le sourire moqueur de Satan… il le fallait bien !

Tu l’as même perdue, pauvre frère, cette soif d’honnêteté dont tu me parlais. Tu ne la veux plus cette petite compagne douce et modeste, fraîche, tendre et jolie, aimable, la mère de petits enfants que tu aurais aimés. Je la voyais, là, dans le vieux salon, assise sous les vieux portraits…

Un vent plein de corruption a passé là-dessus. Ce frère dont le cœur ne peut pourtant pas vivre sans affections, qui en a faim et soif, il n’en veut plus, d’affections pures ; il vieillira, mais personne ne sera là pour le chérir et égayer son front. Ses maîtresses se riront de lui, on ne peut leur en demander davantage ; et alors, abandonné, désespéré… alors, il mourra !

Plus tu es malheureux, troublé, ballotté, confiant, plus je t’aime. Ah ! mon bien-aimé frère, mon chéri, si tu voulais revenir à la vie ! si Dieu voulait ! si tu voyais la désolation de mon cœur, si tu sentais la chaleur de mes prières !…

Mais la peur, l’ennui de la conversion, les terreurs blafardes de la vie chrétienne… La conversion, quel mot ignoble !… Des sermons ennuyeux,