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ne l’ouvrons que le soir, pour voir, avant de nous coucher, si personne n’est venu s’y cacher, et Samuel pense qu’il est hanté.)

Au premier, ma chambre, donnant par trois fenêtres sur la place déjà mentionnée ; la petite chambre de Samuel, et le haremlike, ouvrant à l’est sur la Corne d’or.

On monte encore un étage, on est sur le toit, en terrasse comme un toit arabe ; il est ombragé d’une vigne, déjà fort jaunie, hélas ! par le vent de novembre.

Tout à côté de la case, une vieille mosquée de village. Quand le muezzin, qui est mon ami, monte à son minaret, il arrive à la hauteur de ma terrasse, et m’adresse, avant de chanter la prière, un salam amical.

La vue est belle de là-haut. Au fond de la Corne d’or, le sombre paysage d’Eyoub ; la mosquée sainte émergeant avec sa blancheur de marbre d’un bas-fond mystérieux, d’un bois d’arbres antiques ; et puis des collines tristes, teintées de nuances sombres et parsemées de marbres, des cimetières immenses, une vraie ville des morts.

À droite, la Corne d’or, sillonnée par des milliers