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XVIII

Péra m’ennuie et je déménage ; je vais habiter dans le vieux Stamboul, même au-delà de Stamboul, dans le saint faubourg d’Eyoub.

Je m’appelle là-bas Arif-Effendi ; mon nom et ma position y sont inconnus. Les bons musulmans mes voisins n’ont aucune illusion sur ma nationalité ; mais cela leur est égal, et à moi aussi.

Je suis là à deux heures du Deerhound, presque à la campagne, dans une case à moi seul. Le quartier est turc et pittoresque au possible : une rue de village où règne dans le jour une animation originale ; des bazars, des cafedjis, des tentes ; et de graves derviches fumant leur narguilhé sous des amandiers.

Une place, ornée d’une vieille fontaine monumentale en marbre blanc, rendez-vous de tout ce qui nous arrive de l’intérieur, tziganes, saltimbanques, montreurs d’ours. Sur cette place, une case isolée, — c’est la nôtre.

En bas, un vestibule badigeonné à la chaux, blanc comme neige, un appartement vide. (Nous