Page:Loti - Aziyadé.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le ciel blanchissait à l’orient quand je regagnai ma chambre. La pâle débauche me retenait souvent par les rues jusqu’à ces heures matinales. À peine étais-je endormi, qu’une suave musique vint m’éveiller ; une vieille aubade d’autrefois, une mélodie gaie et orientale, fraîche comme l’aube du jour, des voix humaines accompagnées de harpes et de guitares.

Le chœur passa, et se perdit dans l’éloignement. Par ma fenêtre grande ouverte, on ne voyait que la vapeur du matin, le vide immense du ciel ; et puis, tout en haut, quelque chose se dessina en rose, un dôme et des minarets ; la silhouette de la ville turque s’esquissa peu à peu, comme suspendue dans l’air… Alors, je me rappelai que j’étais à Stamboul, — et qu’elle avait juré d’y venir.


VI

La rencontre de cet homme m’avait laissé une impression sinistre ; je cessai ce vagabondage nocturne, et n’eus plus d’autres maîtresses, — si ce n’est une jeune fille juive nommée Rébecca,