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choses fraîches et sauvages à peine soupçonnées dans nos nuits de Salonique, — et l’avoir à moi tout entière.

Ma maison était située en un point retiré de Péra, dominant de haut la Corne d’or et le panorama lointain de la ville turque ; la splendeur de l’été donnait du charme à cette habitation. En travaillant la langue de l’islam devant ma grande fenêtre ouverte, je planais sur le vieux Stamboul baigné de soleil. Tout au fond, dans un bois de cyprès, apparaissait Eyoub, où il eût été doux d’aller avec elle cacher son existence, — point mystérieux et ignoré où notre vie eût trouvé un cadre étrange et charmant.

Autour de ma maison s’étendaient de vastes terrains dominant Stamboul, plantés de cyprès et de tombes, – terrains vagues où j’ai passé plus d’une nuit à errer, poursuivant quelque aventure imprudente arménienne, ou grecque.

Tout au fond de mon cœur, j’étais resté fidèle à Aziyadé ; mais les jours passaient et elle ne venait pas…

De ces belles créatures, je n’ai conservé que le souvenir sans charme que laisse l’amour enfiévré