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orientale, et il semblerait voir un lit qui flotte plutôt qu’une barque.

C’est une situation singulière que la nôtre : il nous est interdit d’échanger seulement une parole ; tous les dangers se sont donné rendez-vous autour de ce lit, qui dérive sans direction sur la mer profonde ; on dirait deux êtres qui ne se sont réunis que pour goûter ensemble les charmes enivrants de l’impossible.

Dans trois heures, il faudra partir, quand la Grande Ourse se sera renversée dans le ciel immense. Nous suivons chaque nuit son mouvement régulier, elle est l’aiguille du cadran qui compte nos heures d’ivresse.

D’ici là, c’est l’oubli complet du monde et de la vie, le même baiser commencé le soir qui dure jusqu’au matin, quelque chose de comparable à cette soif ardente des pays de sable de l’Afrique qui s’excite en buvant de l’eau fraîche et que la satiété n’apaise plus…

À une heure, un tapage inattendu dans le silence de cette nuit : des harpes et des voix de femmes ; on nous crie gare, et à peine avons-nous le temps de nous garer. Un canot de la Maria Pia passe grand