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— Approchons-nous, dit Aziyadé, redevenue enfant ; on nous donnera des bonbons.

On avait dérangé pour creuser cette fosse un cadavre qui ne devait pas être fort ancien ; la terre qui en était sortie était pleine d’ossements et de lambeaux de diverses étoffes. Il y avait surtout un bras, plié à angle droit, dont les os, encore rouges, se tenaient au coude par quelque chose que la terre n’avait pas eu le temps de dévorer.

Il y avait là deux popes à grands cheveux de femme, couverts de sordides oripeaux dorés, sales, patibulaires, assistés de quatre mauvais drôles d’enfants de chœur.

Ils marmottèrent quelque chose sur l’enfant mort, et puis la mère lui enleva sa couronne de fleurs, et emprisonna avec soin ses cheveux blonds dans un petit bonnet de nuit, toilette qui nous eût fait sourire, si elle n’eût pas été faite par cette mère.

Quand elle fut couchée tout au fond sur le sol humide, sans planches, sans bière, on jeta sur elle cette terre malsaine ; tout tomba dans le trou, sur la jolie petite figure de cire, y compris les vieux os et le vieux coude ; et elle fut promptement enfouie.