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vent comme tout le monde, et sous le beau ciel bleu.

Son yachmak, très épais, était ramené sur ses yeux jusqu’à dérober tout son front ; à peine voyait-on, par l’ouverture du voile, rouler ses prunelles, si limpides et si mobiles ; son féredjé d’emprunt était d’une couleur foncée, d’une coupe sévère, que n’adoptent point d’ordinaire les femmes élégantes et jeunes. Et le vieil Abeddin lui-même ne l’eût point reconnue.

Nous marchions d’un pas souple et rapide, frôlant les modestes marguerites blanches et l’herbe courte de janvier, respirant à pleine poitrine le bon air vif et piquant des beaux jours d’hiver.

Tout à coup, dans ce grand silence, nous entendîmes un délicieux chant de mésange, en tout semblable à celui d’aujourd’hui ; les petits oiseaux de même espèce répètent dans tous les coins du monde la même chanson.

Aziyadé s’arrêta court, étonnée ; avec une mine de stupéfaction comique, du bout de son doigt teint de henné, elle me montrait le petit chanteur posé près de nous sur une branche de cyprès. Ce petit oiseau, tout petit, tout seul, se donnait tant de